La TotalEnergies aborde la nouvelle saison avec une équipe résolument rajeunie et, d’une certaine manière, réduite. L’objectif de promotion dans le WorldTour ne semble plus particulièrement pressant pour l’équipe française, qui s’est engagée dans une voie consacrée au développement de talents français encore à développer, définissant un staff sans vedettes particulières. Restent les « drapeaux » historiques, à qui l’on demandera les résultats les plus importants et peut-être quelques coups d’éclat, entre le Tour de France et les grandes Classiques. Ensuite, si quelques jeunes pousses locales devaient s’épanouir définitivement, ce serait tant mieux.
Les hommes les plus attendus
Il n’y a plus de Peter Sagan, dont les deux années passées au sein de l’équipe ont été pour le moins décevantes, ni de grands noms et de coureurs expérimentés tels qu’Edvald Boasson Hagen, Daniel Oss et Maciej Bodnar. Par conséquent, les attentes se tournent vers d’autres coureurs qui ont été capables d’obtenir de brillants résultats au cours de leur carrière. L’un d’entre eux est certainement Anthony Turgisqui est devenu au fil des ans un homme de classiques, terminant trois fois dans le top 10 de Milan-San Remo (deuxième en 2022) et deux fois au Tour des Flandres (quatrième en 2020). Pour les courses d’un jour, il sera certainement une référence et ses caractéristiques de coureur de fond pourraient même lui permettre de réaliser le rêve de remporter cette victoire qui changera sa carrière.
Dans un passé récent, l’un des coureurs les plus brillants était Mathieu Burgaudeau. Âgé de vingt-cinq ans, il s’est déjà illustré au plus haut niveau en remportant une étape de Paris-Nice 2022 et en menant, plus d’une fois, des attaques de qualité dans des courses importantes, au point de terminer avec une deuxième et une troisième place au Tour de France 2023. Ses qualités de passeur résistant et capable de tenir tête aux accélérations les plus dures font de lui l’une des armes les plus importantes de l’arsenal de l’équipe française. Reste à savoir comment la parabole de croissance de Jason TessonJason Tesson, devenu professionnel il y a un an, est capable de bons résultats pour sa première année dans l’équipe. Sprinter explosif, il peut faire de bonnes choses aussi bien sur des routes entièrement plates que sur des parcours un peu plus accidentés. Lui et ses pairs Valentin Ferron sont deux jeunes de 26 ans sur lesquels l’équipe française mise beaucoup, notamment en raison des résultats les plus frais dans leurs mémoires, ceux obtenus en 2023 : sur les huit succès de l’an dernier, la moitié porte la signature de ce duo, Ferron ayant plutôt des caractéristiques de passeur rustique sur des parcours vallonnés et piégeux.
On attend beaucoup de Dries van Gestelqui sort de deux années décidément brillantes, notamment dans les classiques d’un jour. Le Belge est un coureur doté d’un sprint rapide plus que correct, ce qui lui permet de viser haut lorsque le peloton n’est pas étiré et que les groupes en lice pour la victoire ne sont pas au complet. Troisième à Gand-Wevelgem 2022 et cinquième à la Brussels Classic 2023, il a la possibilité, s’il gère bien ses atouts, de faire des coups importants dans les mois à venir. Il semble peu probable qu’il puisse se répéter, mais lorsqu’on parle de » jaillissements importants « , on ne peut s’empêcher de rappeler ce qu’il a été capable de faire Geoffrey Soupe à la Vuelta a España 2023, contexte dans lequel il a remporté un succès fondamental, pour lui et pour l’équipe : coureur rapide, souvent au service de ses coéquipiers, il a néanmoins montré qu’il était capable de tirer parti de ce que la route mettait à sa disposition. Comme on l’a dit, il sera difficile de se répéter à ce niveau, mais on peut s’attendre à quelques coups d’éclat, dans les plis du calendrier.
Ensuite, il y a deux véritables vétérans du cyclisme français, Pierre Latour e Alexis Vuillermozqui, pour diverses raisons, n’ont pas répondu ces dernières années aux attentes créées autour d’eux après leur gloire de jeunesse. Latour doit également faire face à quelques problèmes dictés par sa peur d’affronter les descentes, ce qui est loin d’être favorable lorsqu’il s’agit d’aller chercher des victoires sur des parcours qui lui sont historiquement plus favorables. Cependant, son année 2024 a commencé par quelques bonnes performances, et il reste à voir comment il pourra continuer. De son côté, Vuillermoz est un peu plus âgé (35 ans contre 30 pour le collègue cité plus haut) et sort d’une saison marquée par plusieurs problèmes physiques : les caractéristiques d’un coureur explosif se sont peut-être aussi estompées au fil des saisons, mais on peut encore espérer quelque chose de bon, surtout en ce qui concerne les courses d’un jour.
Celui qui, au contraire, semble être en pleine maturité compétitive, c’est Steff Cras. Le Belge, âgé de 27 ans, sort de deux années importantes, s’est classé 11ème au classement final de la dernière Vuelta et a montré qu’il pouvait tenir la dragée haute aux meilleurs dans les montées. Il ne sera pas au niveau des grands du peloton, mais il représente une carte importante à jouer pour l’équipe, en termes de résultats prestigieux, surtout dans les courses d’une semaine. Il est d’ailleurs toujours à la recherche de son premier succès en tant que professionnel : si cela devait arriver en 2024, ce ne serait pas une surprise. Uphill pourrait également voir le jeune homme de 25 ans Thomas Bonnet, qui a mené une saison d’acclimatation de haut niveau en 2023 et qui pourrait maintenant essayer de se tailler un rôle un peu plus important dans les stratégies quotidiennes de l’équipe.
Il en va de même pour Mattéo Vercherqui s’est révélé au grand public alors qu’il était encore stagiaire (troisième du Giro del Veneto 2022) et qui, lors de sa première année chez les professionnels, est resté dans l’ombre, à l’exception de quelques places de milieu de tableau. Son sprint rapide pourrait lui valoir des satisfactions régulières, tout comme chez Sandy Dujardinqui s’est déjà montré en forme dès les premières sorties de la saison (quatrième d’une étape de l’Etoile des Bessèges) et qui peut compter sur des qualités à faire valoir même sur des parcours accidentés et difficiles. Les hommes de fond et de travail pour les capitaines du jour seront plutôt Paul Ourselin, Emilien Jeannière e Alan Jousseaume.
Bon buteur, notamment grâce à ses discrètes qualités de grimpeur, il est aussi Fabian Doubeyqui a déjà pu accumuler des places importantes dans sa carrière, et qui tentera de donner une nouvelle tournure positive à son parcours compétitif. Celle qui vient de commencer sera donc la dernière année dans le groupe des Julian Simon, doyen du cyclisme français et capable d’aligner 13 succès en carrière. Qui sait, il a peut-être envie de s’offrir autre chose avant de dire au revoir à tout le monde. Quelques bonnes places, dans les bons contextes, et il y arrivera peut-être Fabien Grellier, tandis que Lorrenzo Manzin sera une carte supplémentaire à utiliser dans les arrivées rapides, à la fois comme joueur de soutien et, lorsque le contexte le permet, comme finalisateur.
Les jeunes promesses
Quatre coureurs, tous français, effectuent leur première sortie professionnelle à l’occasion de la saison 2024. Jordan Jegat a déjà plusieurs années d’activité derrière lui, au niveau continental, mais il a maintenant l’occasion de se mesurer en permanence aux meilleurs : le Vannois de 24 ans a montré qu’il était capable de tenir le coup sur des parcours accidentés et sélectifs, parvenant même à s’occuper du classement général de petites courses par étapes. Beaucoup plus jeune, 21 ans, est Baptiste Vadicqui fait un véritable saut chez les pros après trois saisons passées entièrement chez les amateurs : il a de fortes qualités de passeur à développer et semble également avoir un flair pour les contre-la-montre. Reste à savoir quel sera son impact dans la nouvelle catégorie.
Sur le papier, Thomas Gachignard est déjà prêt pour le haut niveau. Agé de 23 ans et fort d’un passé qui l’a déjà vu en Continental, c’est un coureur qui sait attaquer et qui sait se faire respecter sur des parcours très exigeants, comme en témoignent ses classements dans la première page de l’ordre d’arrivée dans des courses compliquées comme le Tro-Bro Léon et le Gp Denain. Dans les sprints, entre service pour ses coéquipiers et éventuelles tentatives en première personne, l’équipe française pourra lancer le puissant coureur de 23 ans. Lucas Bonifacea également fait ses premiers pas dans les courses des « grands ».
TotalEnergies 2024
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Vol – 6.5
Collines – 7,4
Montagnes – 5,8
Pavé – 5,4
6.3
Un certain nombre de coureurs historiques ont fait leurs adieux et, dans le même temps, de jeunes athlètes sont arrivés, tous à construire et à encadrer. La confiance dans les échappés et les classiques de l’équipe est grande et la ligne directrice semble être de privilégier la qualité à la quantité. Il est peu probable, au vu des choix effectués par les pairs, que l’objectif puisse encore être la promotion dans le WorldTour : l’équipe semble davantage calibrée pour engranger des victoires ciblées et importantes, y compris en termes de visibilité.