Arkéa-B&B Hotels est prêt pour sa deuxième saison en tant que formation WorldTour. La première n’a pas été passionnante (seulement 10 victoires, aucune au niveau WorldTour), mais l’impression est que la direction de l’équipe bretonne a jeté les bases pour récolter quelque chose de plus dans un avenir proche. Certains mouvements sur le marché du cycle ont été intéressants, il y a de jeunes coureurs dans l’équipe qui peuvent grandir et atteindre des niveaux très intéressants, et, tout bien considéré, les ambitions semblent être rationnellement adaptées au matériel humain disponible. L’inconnue reste cependant le classement UCI triennal, qui place l’équipe française en pleine lutte pour éviter la relégation : il reste encore deux ans avant la fin du cycle, certes, mais une nouvelle saison avec une récolte relativement faible pourrait peser lourdement sur les stratégies à venir.
Les hommes les plus attendus
Il a rejoint l’équipe en août après avoir rompu avec Groupama-FDJ, Arnaud Démare a déjà pris le rôle de phare de l’équipe grâce à deux victoires et quelques places dans la finale 2023. Le transalpin, sprinteur aux presque 100 victoires en carrière, aura pour mission de faire ce que son compatriote Nacer Bouhanni n’a pas réussi à faire ces dernières saisons, notamment à cause des blessures, à savoir apporter un maximum de succès (et donc de points) à l’équipe bretonne. Le coureur de 32 ans, dont l’objectif principal sera de lever à nouveau les bras au ciel lors du Tour de France, pourra compter sur un groupe composé de nombreux coureurs rapides avec lesquels il pourra travailler pour former un train efficace. Miles Scotsondéjà à ses côtés les années précédentes à Groupama.
Comme on l’a dit, le plateau transalpin est encore bien rempli d’hommes rapides, qui tenteront de se mettre en évidence et de se classer aussi bien dans les journées plus adaptées à leurs caractéristiques de courses par étapes que dans les classiques moins exigeantes. Dans le premier cas, il s’agira surtout des Britanniques. Daniel McLay et le Hollandais David Dekker les coureurs chargés de chercher des résultats, même si le premier semble destiné à jouer de plus en plus le rôle de « dernier homme », peut-être pour Démare lui-même. L’ancien Jumbo-Visma, âgé de 25 ans, est quant à lui appelé à faire le saut qualitatif qu’il semblait proche de réaliser lors de ses premières saisons chez les pros, mais qu’il n’a pas encore réussi à franchir, hormis quelques places sporadiques (comme la deuxième place lors de la deuxième étape du Giro 2023).
Un rôle important sera alors joué Amaury Capiotqui sort d’une saison presque entièrement interrompue à cause d’un problème au genou. Le Belge est un coureur fiable, rapide et, surtout, il semblait en pleine ascension, avant d’être indisponible pour une très longue période. Reste à savoir s’il sera en mesure de revenir au moins à son niveau d’avant la blessure, alors qu’on attend une sorte de rédemption de la part de l’entraîneur de l’équipe. Clément Champoussin, une des grandes promesses du cyclisme français : depuis deux ans, il a fait quelque chose, mais l’équipe aura besoin de plus, surtout dans les courses où la concurrence est la plus forte (Tour de France et Grandes Classiques).
L’équipe compte également trois coureurs italiens qui ont la possibilité et l’ambition d’obtenir de bons résultats. L’un d’entre eux est Luca Mozzatoqui sort d’une saison où il s’est enfin libéré en termes de victoires et qui pourrait dans les mois à venir achever définitivement sa transition de sprinter à coureur de classiques. Ce que le coureur de Vénétie a montré au cours de la seconde moitié de l’année 2023 semble vraiment prometteur à cet égard. Les caractéristiques de Mozzato ressemblent à certains égards à celles de Vincenzo Albanesequi est l’un des nouveaux venus dans l’équipe bretonne : le coureur de Campanie a été l’un des points forts de l’équipe Eolo-Kometa et il a démontré qu’il possède à la fois un bon sprint rapide et les caractéristiques fondamentales nécessaires pour briller dans les courses au profil irrégulier. Pour lui, le passage à une formation WorldTour est sans aucun doute une opportunité à saisir. Le troisième Italien est Alessandro Verrequi n’a pas commencé l’année de la meilleure des manières (blessure à la main), mais qui aura le temps et le moyen d’essayer de se mettre en évidence, entre attaques de loin et arrivées rapides.
L’effectif de l’équipe française est riche en coureurs capables de s’illustrer sur les parcours décrits ci-dessus : attention donc à Matis Louvelqui, en 2023, n’a pas été à la hauteur des prémisses d’un excellent 2022, à Jenthe Biermansqui a montré les meilleures choses de sa carrière ces derniers mois, et surtout à Kévin Vauquelin, un jeune talent qui représente l’un des grands espoirs bretons. Le jeune homme de 22 ans a déjà montré par le passé qu’il avait les jambes et le souffle d’un athlète de premier plan, notamment sur les parcours accidentés et semés d’embûches : la saison dernière, il avait d’ailleurs pris un départ canon, avant d’être conditionné par une blessure difficilement résorbable. Reste à savoir si la logique de l’équipe lui laissera carte blanche en matière d’objectifs, ou si le besoin de points salvateurs le poussera plutôt à s’engager dans les différentes luttes pour le classement général.
Du CicloMercato sont donc sortis trois coureurs différents qui représentent autant de choix intéressants. Le premier est Florian Sénéchalqui a quitté Soudal-QuickStep pour apporter ses qualités de « classicomaniaque » à une équipe qui jusqu’à présent, surtout dans les courses les plus importantes, y compris le Monument, n’a pas eu grand-chose à mettre en avant. Le Français voudra essayer de se relancer après une saison en demi-teinte, tandis que l’Espagnol, lui, sera à la recherche d’un nouveau souffle. Raúl García Pierna voudra faire ses preuves dans une équipe du WorldTour après les bonnes choses qu’il a montrées sous le maillot de Kern-Pharma. Le coureur de Tres Cantos, âgé de 22 ans, est très fort dans les contre-la-montre, tient la route dans les montées et semble avoir encore une marge de progression à explorer. Un coureur fait et fait est plutôt Clément Venturiniqui mettra sa rapidité et sa ruse au service d’une équipe qui aura bien besoin de ses places, notamment en termes de « salut de la course ».
Pour les montées et les éventuels classements généraux, notamment des courses à étapes courtes, nous comptons sur la régularité de l’Espagnol. Cristián Rodríguez, l’un des meilleurs de l’équipe la saison dernière, et le Belge Laurens Huysqui arrive d’Intermarché avec la réputation d’un coureur régulier et fonceur. On peut aussi faire quelque chose Élie Gesbertqui est presque une garantie dans les courses de quelques jours et qui a aussi la capacité de créer des échappées intéressantes. On regarde alors avec curiosité le Luxembourgeois Michael Riesqui a montré des qualités de grimpeur dès son plus jeune âge, mais qui n’a pas encore réussi à s’imposer chez les pros.
Thibault Guernalec essaieront de tirer satisfaction du contre-la-montre, tandis que les Simon Guglielmi attend avec impatience une nouvelle saison d’évasions et de tentatives timides mais médiatisées. Et si Donavan Grondin se concentrera principalement sur la saison d’athlétisme, avec les Jeux de Paris en toile de fond, Anthony Delaplace, Kévin Ledanois, Alan Riou e Łukasz Owsian feront tout leur possible pour soutenir la cause de l’équipe dans les différents contextes dans lesquels ils seront appelés à se dépenser.
Les jeunes promesses
Curieusement, l’équipe de France ne comptera pas un seul coureur nominalement néo-professionnel lors de la saison 2024. Les jeunes athlètes ne manquent pourtant pas : certains font partie de ceux qui pourront faire la différence et que nous avons déjà évoqués plus haut, d’autres sont des athlètes qui ont connu leurs premières expériences en 2023 sans se distinguer particulièrement et qui tenteront de faire quelque chose de plus en 2024. C’est le cas de Louis Barré, Mathis Le Berre et Ewan Costiouqui ont tous atterri dans le WorldTour au début de la saison dernière et sont donc prêts pour leur deuxième année de professionnalisme. Barré, en particulier, a donné quelques coups d’éclat en tant que coureur régulier, capable d’obtenir des places discrètes dans les courtes courses par étapes et pourrait également représenter une carte importante en termes d’accumulation de points.
Costiou sera également à surveiller, surtout dans les courses d’un jour : lors de sa première année en tant que pro’, il a en effet été capable d’être souvent protagoniste, surtout sur des parcours accidentés, et il ne semble pas lui manquer grand-chose pour pouvoir aller chercher les premiers grands résultats de sa carrière. Pour Le Berre, en revanche, il s’agira d’essayer de grappiller quelque chose au sprint ou dans les arrivées rapides, même si la marge de progression à réaliser semble plus large que celle des deux collègues cités plus haut.
Hôtels Organic Arkéa-B&B 2024
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Volate – 7.8
Hill – 7.1
Montagnes – 4,5
Pavé – 5,8
6.3
L’équipe n’a pas de grandes vedettes et confiera une grande partie de ses espoirs de succès à l’expérience et à la vitesse d’Arnaud Demare. Cependant, plusieurs coureurs intéressants sont arrivés du CicloMercato, notamment en ce qui concerne les courses d’un jour : les cuirassés du peloton sont encore loin, mais on a l’impression que c’est l’année des gros succès. Au niveau du classement général, sauf grosse surprise, il n’y a en revanche pas grand-chose à se mettre sous la dent.